La peyrogrosso
Et notre peyro grosso, menhir, borne limite ou repère quelconque ?
Voici quelques explications pour avoir une petite idée de la signification de ce monument qui mesure plus de 3 mètres et 3 à 4 m de circonférence.
Les pierres levées à l'époque mégalithique.
A défaut de documents antérieurs à la civilisation romaine, il ne reste que l'incertitude des monuments de pierre (époque mégalithique) attirant l'interrogative curiosité.
"Les curieux monolithes, qu'on appelle ailleurs menhirs ou béthels, sont connus dans le Quercy sous le nom de pierres quillées ou dressées, en patois "peyros quillados" ou "peyros lébados".
"Le nombre de ces monuments devait autrefois être considérable dans nos contrées, si l'on en juge par les lieux qui portent cette désignation dans les cadastres. On en comptait encore trente-sept vers 1850. Il n'en restait qu'une quinzaine vers 1870.
Il ne faut pas confondre les pierres dressées ou menhirs avec d'autres pierres brutes, fichées en terre, qui marquaient les lieues sur les routes gauloises (pierres militaires) ou bien encore les anciennes bornes limites dont un certain nombre se sont conservées dans le Quercy et qui n'ont plus aucun rapport avec les pierres dressées proprement dites. Celles-ci ont, en général, de plus grandes dimensions, mais on ne remarque, ni sur les unes, ni sur les autres, comme travail de la main de l'homme, aucune appropriation propre à leur destination.
"Toutes les pierres quillées que nous connaissons dans le Lot, occupent des hauteurs. On les trouve dans les clairières des bois, de préférence dans les endroits dénudés et loin des lieux anciennement habités ; presque toujours elles sont placées dans le voisinage des voies antiques.
Il n'est pas permis de douter que les "pierres quillées" ne soient des monuments religieux se rapportant à quelque divinité dont elles étaient le symbole. On sait que de nombreux édits des empereurs romains, des décisions de conciles, édictaient des peines sévères contre ceux qui rendaient un culte aux pierres et aux fontaines.
Malgré ces prescriptions, le peuple ne continua pas moins à se livrer aux pratiques du culte. Elles n'ont pris fin dans nos régions qu'à la fin du XVIIIème siècle. Les chroniqueurs nous fournissent des renseignements précis sur les pratiques superstitieuses dont ces pierres étaient l'objet.
"On trouve, dit Lacoste, dans son "Histoire du Quercy", dans beaucoup d'endroits du haut et du bas Quercy, des monolithes, en pierre brute qui ressemblent à des pyramides ; ils paraissent avoir été érigés en l'honneur de Mercure. On en voit à Bélinac, sur les hauteurs de Luzech, à la Laurie, à Cénac (à 4 km environ d'Albas) et autres lieux, d'une hauteur de 15 à 18 pieds, soit 4,50 m à 5,50 m). Il paraît que ces monuments étaient dédiés par les Celtes à leurs divinités. Le culte qu'on avait pour ces pierres existait encore sous l'épiscopat de Mg' de la Luzerne, en 1750.
"Le peuple, par une habitude ancienne, allait les oindre d'huile et les couronnait de fleurs pendant certains mois de l'année. Cet évêque, informé de cette superstition, fit détruire un grand nombre de ces monolithes qui étaient dans l'étendue de son diocèse.
L’historien quercynois Dominicy, qui écrivait au XVII ème siècle, dit, dans ses mémoires, que les mêmes pratiques avaient lieu de son temps. "L'erreur des paysans, dit il, a encore "les pierres quillées" en vénération, s'étant figuré que de les couvrir de fleurs, sans que personne ne les voie, cela les préservera des fièvres et il ne fut pas longtemps que Mg, de Cahors, faisant sa visite pastorale, apprit que dans un village le vulgaire superstitieux s'en allait, à certains jours de l'année, oindre en cachette, un caillou d'une grosseur prodigieuse, planté sur un grand chemin, fit arracher ce caillou".